Un catalogue d’outils pour mieux comprendre les intelligences artificielles
Liste de robots conversationnels, indicateurs sur leur consommation énergétique, articles pour accompagner la réflexion sur les défis éthiques... Ce catalogue regroupe plus de 300 références sur les intelligences artificielles.
La ressource
Un catalogue d’outils pour mieux comprendre les intelligences artificielles
Par où commencer si l’on veut utiliser des outils d’intelligence artificielle ? C’est pour répondre à cette question que Sébastien Trouvé, du pôle numérique de la Ligue de l’enseignement, alimente au fil du temps un catalogue accessible en ligne, une vraie mine d’or pour utiliser l’IA en conscience.
“Je pense que l'intelligence artificielle pourrait conduire à des dispositifs de surveillance excessifs, potentiellement inquiétants pour nos libertés individuelles. Comme ces évolutions arrivent doucement, les gens ont tendance à ne pas trop se méfier. Il serait intéressant de se tenir informés, de comprendre comment l’IA fonctionne et les enjeux qui sont derrière, pour pouvoir davantage peser collectivement sur les décisions politiques”, confiait Sébastien Trouvé, chargé de mission au pôle numérique de la Ligue de l’enseignement, lors d’une journée de formation début juin. Loin de sombrer dans la paranoïa ou le pessimisme, Sébastien Trouvé a notamment développé des outils numériques et pédagogiques pour nous aider à nous saisir du sujet.
En effet, entre ChatGPT, Claude, Mistral, Midjourney et bien d’autres, pas facile de s’y retrouver. Alors en plus de “La Fleur de l’IA”, qui fait le tour de l’histoire, du fonctionnement et des enjeux de l’IA, Sébastien nourrit au fur et à mesure un catalogue accessible en ligne. Répertoire de robots conversationnels, textes de loi, aide à la rédaction de prompts, articles de presse… à ce jour environ trois-cents références peuplent ce catalogue XXL. Il précise : “Pour moi, l'une des dimensions éduc pop de l'IA consiste à apporter un éventail d'outils suffisamment large pour que chacun puisse y piocher ce dont il a besoin. Plus on offre une diversité et une quantité de choix, plus on donne les moyens d'exercer son esprit critique. Prendre connaissance qu'il existe de nombreuses alternatives permet d'avoir une vraie liberté de choix, basée sur une compréhension réelle plutôt que sur l'habitude ou la facilité.”

Pour retrouver la liste des modèles d’IA, direction la catégorie “robots conversationnels”, ou “outils multimédias” pour la génération d’images et de musique par exemple, et “outils bureautiques” pour la mise en forme ou la transcription audio, entre autres. Des pictogrammes précisent à chaque fois si les sites nécessitent une inscription et/ ou sont payants. Ainsi, chacun peut “choisir en fonction de la société privée à laquelle le modèle appartient, de son impact écologique et des intentions politiques qui sont portées par son propriétaire”.
Les questions éthiques
Pour se rendre compte de l’impact écologique de ces technologies justement, le site compare:IA permet d’envoyer une requête à deux robots conversationnels et de comparer ensuite la qualité de leur réponse et leur consommation d’énergie. “Ça peut aller de l’équivalent d’une vidéo Youtube de 5/6 minutes à 2 ou 3 heures, on a ainsi un ratio qui va de 1 à 30 en fonction de l’outil d’IA qu’on va utiliser”, selon Sébastien Trouvé. “Ce qui me semble également important c'est d'avoir la connaissance de l'impact écologique des différents modèles d'IA et de pouvoir faire les choix en fonction de l'usage qu'on va en faire. Certaines IA consomment beaucoup moins d'énergie que d'autres, même si toutes ont un impact environnemental qu'il ne faut absolument pas négliger.”
Les ressources listées dans la catégorie “Défis, impacts et enjeux” permettent de mieux saisir pourquoi de telles différences existent. Des articles traitent aussi d’autres questions éthiques telles que les biais racistes et sexistes des IA, les droits d’auteur, ou les aspects juridiques, et dans la partie “Régulation et recommandations” des exemples de charte d’utilisation sont accessibles. De quoi devenir un utilisateur ou une utilisatrice avertie de ces technologies.

Des exemples d’utilisation
À la Ligue de l’enseignement alors, dans quels cas peut-il être pertinent d’utiliser des outils d’intelligence artificielle ? Lors de la formation en juin, Sébastien Trouvé a donné plusieurs exemples. “Sur la recherche de financements, on peut en effet questionner l’IA en restant particulièrement attentif sur la nature des données qu’on partage”, alerte-t-il. “Attention aux données nominatives ou aux données qui doivent rester privées, notamment dans le cadre du respect du RGPD, car toutes les informations envoyées peuvent ensuite servir à entraîner le modèle d’IA utilisé”. Une fois ces précautions prises, utiliser un robot conversationnel peut notamment aider à prendre connaissance des acteurs qui existent dans le champ où l’on va rechercher des financements.
“Nous avons aussi vu comment répondre à un appel à projets. Un troisième point concernait la création d’un déroulé pédagogique. Pour créer ce type de déroulé avec l’IA on peut soit formuler une demande très courte, ce qui donnera un résultat assez général, soit développer un prompt plus détaillé qui permettra de mieux cibler nos attentes et nos besoins spécifiques”. Dans tous les cas, le chargé de mission précise qu’il ne faut pas s’arrêter à la première réponse, mais re-questionner pour affiner. Il nuance également : “Il peut y avoir une frustration assez évidente à déléguer intégralement à une IA toute la part de réflexion pédagogique, si on se limite à la première réponse proposée. Cette approche n'est évidemment pas pertinente et il faut toujours rebondir sur les premières propositions apportées par les modèles d'IA. Pour la création d'une séance pédagogique, je pense que l'IA peut très bien fournir une première ébauche très générale de contenu, mais il reste indispensable d'y apporter ensuite notre propre singularité, en relançant le prompt autant de fois que nécessaire et en apportant le maximum d'éléments de contexte pour affiner le résultat en fonction des spécificités du projet.”
“Un autre aspect important, c'est que les IA conversationnelles ont bien souvent été programmées pour être d'accord avec nous, pour aller dans notre sens. Ce fonctionnement peut avoir pour conséquence de nous enfermer dans une forme de "bulle de filtre" et nous empêcher de porter un regard distancié et critique sur notre travail. Cependant si on le demande au chatbot, il va nous apporter des éléments de nuances et un regard critique. Au final, lorsque j'utilise l'IA, je me pose beaucoup plus de questions que je ne l'aurais imaginé au départ.”
Dans la section “Ressources complémentaires”, la catégorie “L’IA dans les associations” liste justement des articles renvoyant spécifiquement aux points de vigilance et aux bonnes pratiques. Et si l’envie vous prend de vous lancer, vous trouverez des éléments d’aide à la rédaction de prompts, ces indications que l’on donne à l’IA, dans la partie “Robots conversationnels” puis “Outils d’aide à la rédaction de prompts”.
Pour aller plus loin
- Le catalogue d'outils : https://ia.numeduc.org/outils/
- La Fleur de l'IA : https://ia.numeduc.org/
- Vidéos sur la fleur de l'IA : https://chroniquespedagogiques.laligue.org/ressource/intelligence-artificielle-et-education-populaire
Un catalogue d’outils pour mieux comprendre les intelligences artificielles